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A Tripoli, un groupe de femmes a décidé de dire stop à la mauvaise gestion des déchets
Elles s’appellent Warde, Amira, Rabbab et Mona. Elles ont toutes un point commun : elles ont décidé de dire stop à la mauvaise gestion des déchets et de favoriser ainsi un développement plus durable de leur quartier. Comment ? C’est ce que nous sommes allés découvrir au Liban !
Tout a commencé lorsque le gouvernement a décidé de fermer la décharge de Beyrouth, la quantité de déchets étant devenue trop importante en raison d’une mauvaise gestion de celle-ci. Plus personne ne venait alors récupérer les déchets, les poubelles publiques de la ville débordaient et les libanais se sont retrouvés livrés à eux même pour régler le problème. Imaginez que cela vous arrive : des montagnes de déchets dans les rues de votre ville, l’impression de vivre dans une décharge à taille humaine, l’odeur qui vous saisit de haut-le-cœurs chaque fois que vous quittez votre domicile.

Cela a éveillé la colère des citoyens et pour certains cette colère s’est transformée en une volonté infaillible de changer les choses. C’est le cas de Khoder et de la Green Women Team. Lorsque le niveau de déchets dans la décharge de Tripoli s’est mis à augmenter dangereusement, Khoder a voulu éviter à tout prix une crise similaire à celle de Beyrouth. Il s’est dit que si les gens recyclaient dans leurs foyers, il y aurait moins de déchets à stocker. Il en a donc parlé à sa mère Rabbab, qui a transmis le message à ses amies Amira, Warde, Mona.

Depuis, elles constituent la Green Women Team et sont très populaires dans les quartiers de Tripoli où elles sont intervenues. Animées d’une forte motivation, leurs brochures à la main et leur t-shirt green track sur les épaules, c’est dans plus de 5000 foyers de Jabal Mohsen, épicentre du conflit entre Sunnites et Alaouites, qu’elles sont intervenues pour faire changer les choses. Cet investissement leur a fait gagner en confiance et elles ont décidé de ne plus se taire devant les failles du gouvernement.
En raison de nombreux commentaires sur Facebook à l’égard de la municipalité, Rabbab s’est même fait signaler son compte par celle-ci. Elle raconte cette histoire avec un grand sourire, fière d’avoir su s’imposer et provoquer le gouvernement.
L’efficacité de la Green Women Team n’est d’ailleurs plus à prouver : dès la première collecte, les gens ont tellement été sensibilisés qu’il n’y avait pas assez de place pour stocker tous les matériaux recyclables.
"Comme nous nous adressons à des femmes au foyer et que nous sommes des femmes, la sensibilisation des foyers est très facile" Amira
C’est un cercle vertueux car les femmes qu’elles rencontrent se mettent à leur tour à s’intéresser au recyclage et à prendre des initiatives pour améliorer la propreté de leur quartier. C’est le cas de Norma et Mira, respectivement docteur en environnement et architecte d’extérieur, qui en entendant parler de Green Track ont décidé d’agir dans leur quartier.

Lorsque nous les avons rencontrées, les membres de la Green Women Team nous ont expliqué comment le fait d’avoir un emploi, de poursuivre un but, d’aller à la rencontre de leur communauté avait changé leur vie. Grâce à ces femmes et à leur détermination sans faille, Tripoli viendra peut-être à bout de la mauvaise gestion des déchets, et avec un peu d’espoir, ce changement gagnera tout le Liban.

Pour rappel, au Liban le marché de l’emploi demeure très inégalitaire : elles représentent moins de 30% de la population active et ce pourcentage décroit en fonction du domaine : en politique, les femmes représentent 21,3% de l’ensemble des parlementaires plaçant de ce point de vue le Liban au 133ème rang mondial sur 136 pays. Difficile donc pour elles de changer les choses en termes de développement durable, pourtant c’est un domaine qui les intéresse fortement : 80% des étudiants dans le domaine du développement durable sont des femmes. Il est donc grand temps que celles-ci soient entendues et à la tête de postes à responsabilité afin de faire changer les choses. L’avenir écologique du Liban repose sur elles.